Ce que j’ai appris après avoir accompagné des aspirants entrepreneurs au Faso

Accompagner des aspirants entrepreneurs au Burkina Faso est une aventure humaine et professionnelle passionnante. Depuis quelques années, j’ai eu le privilège de guider des jeunes (et moins jeunes) qui rêvaient de lancer leur projet d'entreprise.

Mais au fil du temps, un schéma s’est dessiné : beaucoup d’entre eux abordent l’entrepreneuriat avec des réflexes qui viennent du monde salarié. Ils veulent des garanties, des résultats immédiats, et fuient le moindre risque. Dans cet article, je partage ce que j’ai appris de ces expériences, en espérant inspirer et outiller celles et ceux qui veulent vraiment créer un business durable.

Je parle ici d'un mode de pensée bien ancré : celui qui pousse à chercher la sécurité, la régularité du salaire, la logique de la fiche de poste. Ce n’est pas un mal en soi. Mais lorsqu’on souhaite entreprendre, cela devient un handicap.

Un entrepreneur n’a pas de fiche de poste. Il doit souvent porter plusieurs casquettes : vendeur, comptable, livreur, communicant... Et cela, dès le départ. Pourtant, beaucoup attendent qu'on leur dise "quoi faire" et "comment faire" sans initiative personnelle.

"Monsieur, tu peux me dire exactement ce que je dois faire pour que mon projet réussisse ?"

Derrière cette question, il y a une envie sincère, mais aussi une attente passive, incompatible avec l’aventure entrepreneuriale.

Un autre point fréquent : l’impatience des résultats. Beaucoup d'aspirants veulent :

• Générer du revenu en une semaine,

• Avoir des milliers de clients sans réseau,

• Devenir viral sans comprendre le marketing digital.

Or, le business est un processus. Il y a une phase de test, d’erreurs, de remise en question. Ceux qui réussissent ne sont pas les plus rapides, mais ceux qui persévèrent.

Un point douloureux, mais fondamental. Au Faso, comme ailleurs, échouer est mal vu. Et pourtant, c'est le plus grand professeur. Beaucoup d'aspirants entrepreneurs que j'ai accompagnés abandonnent au premier revers :

• Un fournisseur qui trahit,

• Une campagne qui ne marche pas,

• Un client qui se plaint...

Ils pensent que l’échec est la preuve qu’ils ne sont pas faits pour ça. C’est faux. Léchec est inévitable et formateur. Il ne tue pas, il enseigne.

Beaucoup rêvent de lancer leur business dans les meilleures conditions : beau local, matériel flambant neuf, logo professionnel... Mais au début, la réalité, c'est la débrouillardise.

Il faut :

• Travailler depuis sa chambre,

• Utiliser son smartphone pour vendre,

• Créer un visuel sur Canva au lieu d’attendre un graphiste.

Ce n'est pas honteux, c'est courageux. Ceux qui acceptent ce passage construisent une vraie résilience entrepreneuriale.

Autre croyance limitante : "Je veux être expert d'abord, puis me lancer." En réalité, on devient expert en pratiquant.

L'expertise vient de l'action, de l'erreur, du terrain. Beaucoup passent des années à se former sans jamais commencer, par peur de ne pas être à la hauteur. Mais c'est en servant les autres qu'on affine ses compétences.

Commencez petit, offrez de la valeur, apprenez en marchant.

Voici 3 grandes vérités que je répète souvent :

1. Le business est un marathon, pas un sprint

Il faut s’entraîner, s’échauffer, rater des pas, avant d’atteindre la ligne d’arrivée.

2. Le mindset prime sur les moyens

Un bon état d’esprit compense souvent le manque de budget. L'inverse est rarement vrai.

3. Commencer avec peu, c’est aussi un avantage

Moins de risques, plus de flexibilité, et surtout : vous apprenez à faire mieux avec moins.

Voici quelques recommandations pratiques si vous êtes en phase de lancement :

1. Définissez une mission claire

Pourquoi voulez-vous entreprendre ? Quelle transformation voulez-vous apporter ?

2. Lancez un micro-projet test

Un petit service, un mini-produit. L'idée est de valider le besoin et tester votre capacité à vendre.

3. Formez-vous en marchant

Ne passez pas trop de temps en formation sans mise en pratique. Apprenez, testez, corrigez, recommencez.

4. Côtoyez d'autres entrepreneurs

L’énergie est contagieuse. Rejoignez un réseau, un groupe WhatsApp, un espace de coworking.

5. Célébrez chaque petite victoire

Un premier client, un bon retour, une vente : chaque pas compte.

L’entrepreneuriat au Faso est un chemin semé de défis, mais aussi de possibilités immenses. En tant qu'accompagnateur, ce que j’ai compris, c’est que le plus grand obstacle n’est pas le manque d’argent, mais le manque de résilience mentale.

Il est temps de changer notre regard : l’échec n’est pas une fin, le petit départ n’est pas une honte, la lenteur n’est pas un échec. L’essentiel, c’est d’avancer, encore et encore.

Envie d’en savoir plus ? Lisez cet article complémentaire : De l'idée au business – Comment j'ai eu mon premier client

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