L’histoire de l’entrepreneuriat au Burkina Faso : héritage, défis et renaissance

L’entrepreneuriat au Burkina Faso ne date pas d’hier. Bien avant que le mot "startup" ne s’invite dans les conversations, les Burkinabè faisaient déjà preuve d’un esprit entrepreneurial naturel, guidés par l’ingéniosité, la résilience et le sens de la communauté.

Dans un pays aux ressources limitées, où l'État ne peut absorber toute la jeunesse diplômée, l’entrepreneuriat apparaît comme une voie de survie, mais aussi de transformation sociale et économique.

Cet article vous embarque dans une exploration inspirante et enrichissante de l’histoire de l’entrepreneuriat au Burkina Faso, entre traditions, mutations économiques et innovations modernes.

Bien avant l’apparition du mot "entrepreneur" dans les lexiques modernes, les sociétés traditionnelles burkinabè connaissaient déjà le commerce informel, l’artisanat local et l’échange de biens et de services.

Du temps des grands empires ouest-africains, des routes commerciales traversaient l’actuel Burkina Faso, reliant les régions sahéliennes aux zones forestières. Les commerçants s’échangeaient sel, or, tissus, bétail et céréales.

Ce dynamisme a jeté les bases d’un tissu économique local fait de troc, de réseaux familiaux, et de savoir-faire artisanaux.

Les femmes ont toujours occupé une place de choix dans le commerce de vivres, de condiments et de produits artisanaux. Elles sont les gardiennes d’un modèle entrepreneurial pragmatique, communautaire et durable, transmis de génération en génération.

Après l’indépendance en 1960, l'État burkinabè (alors Haute-Volta) a adopté une politique de centralisation économique, où l’initiative privée était souvent reléguée au second plan.

Pendant plusieurs décennies, le secteur public dominait l’économie : les entreprises d’État (SONABHY, SONAGESS, etc.) géraient les secteurs stratégiques. Peu d’espace était laissé aux entrepreneurs, sauf dans les petits commerces de proximité, qui restaient très informels.

Le régime révolutionnaire de Thomas Sankara (1983-1987) a valorisé l’autosuffisance, le travail communautaire, la production locale et l’intégrité. Bien que les moyens d’expression de l’entrepreneuriat aient été encadrés, ce fut une époque charnière pour réveiller la conscience collective autour du "produire et consommer local".

Avec la libéralisation des années 1990, le Burkina Faso entre dans une ère nouvelle. Les programmes d’ajustement structurel ont redéfini les rôles de l’État et du secteur privé.

Le retrait de l'État a laissé la place à une prolifération d’entreprises individuelles et informelles. Des marchés bouillonnants de Ouagadougou à ceux de Bobo-Dioulasso, des milliers de Burkinabè se sont lancés dans le petit commerce, les services, le transport, l’artisanat et l’agroalimentaire.

Dans les années 2000, quelques structures comme le Centres de formalités des entreprises (CEFORE) ou le Fonds d’Appui à la Promotion de l’Emploi (FAPE) ont vu le jour pour soutenir les porteurs de projets.

Depuis les années 2010, l’entrepreneuriat devient un choix conscient, et non plus une solution par défaut. De jeunes Burkinabè osent créer des startups, des entreprises sociales, des plateformes digitales ou encore des coopératives agricoles innovantes.

Le mobile money, les marketplaces locales, les applications agri-tech et l’apprentissage en ligne ont permis une démocratisation de l’entrepreneuriat, même dans les zones rurales.

Malgré les progrès, l’écosystème entrepreneurial burkinabè fait face à de nombreux défis structurels.

• Accès limité au financement

• Faible culture entrepreneuriale à l’école

• Poids de l’informel

• Infrastructures insuffisantes

• Instabilité sécuritaire dans certaines régions

Le Burkina Faso regorge pourtant de potentiels inexploités dans des secteurs porteurs comme :

• L’agro-transformation

• Les énergies renouvelables

• Le tourisme solidaire

• Le numérique et les services à distance

L’avenir repose sur une synergie entre l’État, le secteur privé, les institutions d’accompagnement et la diaspora, afin de bâtir une économie résiliente et inclusive.

L’histoire de l’entrepreneuriat au Burkina Faso est celle d’un peuple inventif, audacieux et courageux. Des échanges ancestraux aux innovations d’aujourd’hui, chaque génération a su trouver des solutions pour avancer malgré les obstacles.

Aujourd’hui, plus que jamais, entreprendre au Burkina Faso, c’est bâtir l’espoir, créer de la valeur, et inspirer une nouvelle voie pour le développement.

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