Mortalité des entreprises au Burkina Faso : quand le capital humain fait la différence

La survie des entreprises au Burkina Faso est un sujet brûlant, essentiel pour le dynamisme économique du pays. Une étude commanditée en 2015 par la Maison de l'Entreprise du Burkina Faso (MEBF) et menée par le Laboratoire de recherche en gestion des entreprises et des organisations (LaReGEO) a levé le voile sur les facteurs clés de l'échec des entreprises créées via les Centres de Formalités des Entreprises (CEFORE) entre 2006 et 2013.

Avec un taux global de mortalité de 16,37% pour les entreprises enregistrées sur cette période, l'étude met en lumière des enseignements cruciaux. Parmi les facteurs déterminants, le capital humain du promoteur se distingue comme un élément central dans la pérennité des projets entrepreneuriaux.

L'un des constats les plus inattendus de l'étude concerne la relation entre le niveau d'instruction et le risque entrepreneurial. Contrairement à une idée reçue, ce sont les promoteurs les plus instruits, ceux ayant atteint un niveau de licence ou plus, qui font face à un risque d'échec plus élevé et plus rapide.

Ce paradoxe soulève une question fondamentale : pourquoi un diplôme, souvent perçu comme un atout majeur, ne garantit-il pas toujours la réussite en affaires ? L'étude suggère que si la formation académique apporte des connaissances théoriques, elle ne prépare pas toujours aux réalités brutales et multidimensionnelles de l'entrepreneuriat quotidien. Un manque de compétences pratiques en gestion (marketing, ressources humaines, gestion opérationnelle) chez des promoteurs très diplômés mais peu expérimentés sur le terrain pourrait expliquer cette fragilité.

L'étude a également mis en évidence un autre facteur clé : les promoteurs qui se lancent dans des secteurs qui leur sont inconnus, sans aucune expérience préalable, rencontrent un risque significativement plus élevé d'échec. Ce manque de préparation et d'expertise spécifique rend ces entrepreneurs particulièrement vulnérables aux défis opérationnels, aux ajustements nécessaires du modèle d'affaires, et à la gestion de crise.

Ce constat souligne avec force l'importance de l'expérience pratique dans la réussite entrepreneuriale. Un diplôme est utile, certes, mais il ne saurait remplacer l'apprentissage par la pratique, les leçons tirées des échecs, et la capacité à s'adapter aux spécificités mouvantes du marché et du secteur d'activité. L'agilité et la connaissance fine du terrain sont des atouts inestimables.

Ces résultats sont clairs : le capital humain est un pilier central pour la survie et le succès des entreprises au Burkina Faso. Pour maximiser leurs chances, les promoteurs doivent viser une combinaison équilibrée entre formation académique et expérience pratique.

L'apprentissage sur le terrain, enrichi par un soutien ciblé de la part d'organisations comme la MEBF, des incubateurs d'entreprises, ou via des formations continues, est essentiel. Il permet de mieux préparer les entrepreneurs aux réalités complexes du marché, de développer les compétences pratiques manquantes, et de renforcer leur capacité à innover et à s'adapter.

En conclusion, la mortalité des entreprises au Burkina Faso est un phénomène complexe où le profil et les compétences du promoteur jouent un rôle central. L'éducation formelle, bien qu'importante, doit impérativement être complétée par une expérience pratique solide et un accompagnement adapté. C'est cette synergie qui offrira les meilleures chances de succès aux entreprises créées via les CEFORE et au-delà, leur permettant de non seulement naître, mais surtout de grandir et de prospérer durablement.