L'impact du secteur d'activité sur la mortalité des entreprises au Burkina Faso

L’étude commandée par la Maison de l'Entreprise du Burkina Faso (MEBF) et réalisée par le Laboratoire de recherche en gestion des entreprises et des organisations (LaReGEO) a mis en lumière plusieurs facteurs influençant la mortalité des entreprises créées entre 2006 et 2013 dans les Centres de Formalités des Entreprises (CEFORE). Après avoir analysé l'impact du profil des promoteurs, l’étude a également étudié le rôle du secteur d’activité dans la pérennité des entreprises. Les résultats sont éclairants et montrent des disparités marquées selon le domaine d’activité.

1. L'artisanat, secteur à faible risque de mortalité

L'une des conclusions les plus intéressantes de l'étude porte sur l'artisanat, un secteur souvent perçu comme moins formel mais qui présente un faible risque de mortalité par rapport aux autres secteurs. En effet, les entreprises opérant dans l'artisanat ont une chance bien plus élevée de survie que celles opérant dans des secteurs comme le commerce ou les services.

Les raisons derrière cette résilience dans l'artisanat sont multiples. D'abord, ce secteur est souvent lié à des compétences spécifiques et pratiques, souvent héritées ou acquises sur le terrain. Cela permet aux entrepreneurs de mieux s'adapter aux réalités locales et d’être moins vulnérables aux crises économiques ou aux changements rapides du marché. De plus, les entreprises artisanales requièrent généralement moins de capitaux de démarrage et peuvent être moins sujettes aux fluctuations du marché, ce qui réduit les risques d’échec.

2. Les secteurs du commerce et des services : des risques plus élevés

À l'inverse, les secteurs du commerce et des services montrent un risque d’échec plus marqué. Les entreprises opérant dans ces secteurs doivent faire face à une concurrence plus importante, à des marges souvent plus faibles et à des défis plus complexes liés à la gestion, la logistique, et le marketing. L’intensification de la concurrence, en particulier dans les zones urbaines comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, entraîne une pression sur les prix, ce qui rend plus difficile la rentabilité pour les jeunes entreprises.

Les entreprises de services, par exemple, sont confrontées à une demande fluctuante et doivent investir davantage dans le marketing et la fidélisation de la clientèle, des tâches souvent négligées par les promoteurs non expérimentés. Dans le commerce, le manque de différenciation et l'absence de stratégie claire peuvent également conduire à une faible performance, contribuant ainsi à un taux de mortalité plus élevé.

3. Comprendre les spécificités de chaque secteur

L’analyse de l’étude souligne qu’il est crucial pour les promoteurs de bien comprendre les particularités et les dynamiques de chaque secteur avant de se lancer. Les secteurs comme l'artisanat peuvent offrir des opportunités avec un risque relativement faible, mais nécessitent tout de même un engagement et une expertise dans des domaines spécifiques. En revanche, les secteurs plus compétitifs, comme le commerce et les services, demandent une stratégie plus robuste, une gestion avisée, et un investissement constant en marketing et innovation.

Adapter la stratégie en fonction du secteur

Les résultats de cette étude rappellent aux entrepreneurs qu'il est essentiel de choisir un secteur d'activité qui correspond à leurs compétences, à leur niveau d'expérience et à la réalité du marché local. Si l’artisanat peut offrir un terrain plus favorable pour les nouveaux entrepreneurs, ceux qui se lancent dans des secteurs plus compétitifs doivent être prêts à surmonter des défis supplémentaires.

Ainsi, au-delà de l’expérience et du niveau d’instruction, comprendre les spécificités du secteur d’activité est un facteur clé pour la survie et la réussite des entreprises au Burkina Faso.