Mortalité des entreprises au Burkina Faso : l'impact du secteur d'activité sur la pérennité

La survie des entreprises est une préoccupation majeure pour le dynamisme économique du Burkina Faso. Au-delà du profil du promoteur, une étude clé commanditée par la Maison de l'Entreprise du Burkina Faso (MEBF) et réalisée par le Laboratoire de recherche en gestion des entreprises et des organisations (LaReGEO) en 2015, a révélé des disparités significatives dans le taux de mortalité des entreprises selon leur secteur d'activité. Cette analyse, portant sur les entreprises créées via les Centres de Formalités des Entreprises (CEFORE) entre 2006 et 2013, offre des enseignements précieux.

L'une des conclusions les plus remarquables de l'étude concerne le secteur de l'artisanat. Souvent perçu comme moins formel, il se distingue pourtant par un faible risque de mortalité comparé aux autres domaines. Les entreprises artisanales affichent une probabilité de survie nettement plus élevée que celles du commerce ou des services.

Plusieurs raisons expliquent cette résilience :

• compétences spécifiques et pratiques : l'artisanat est intrinsèquement lié à des savoir-faire concrets, souvent transmis ou acquis sur le terrain. Cette expertise permet aux entrepreneurs de mieux s'adapter aux réalités locales et les rend moins vulnérables aux crises économiques ou aux fluctuations rapides du marché.

• moins de capital de démarrage : les entreprises artisanales requièrent généralement des investissements initiaux moindres, ce qui réduit la pression financière et le risque d'échec précoce.

• moins de sensibilité au marché : elles peuvent être moins sujettes aux bouleversements du marché de masse, car elles reposent souvent sur une clientèle de niche ou des produits à valeur ajoutée artisanale.

À l'opposé, les secteurs du commerce et des services présentent un risque d'échec nettement plus marqué. Les entreprises de ces domaines sont confrontées à un environnement bien plus compétitif et complexe :

• concurrence accrue : particulièrement intense dans les zones urbaines comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, cette concurrence exerce une forte pression sur les prix et les marges, rendant la rentabilité difficile pour les jeunes entreprises.

• défis de gestion complexes : la gestion, la logistique et le marketing y sont souvent plus exigeants. Les entreprises de services, par exemple, doivent faire face à une demande fluctuante et investir massivement dans le marketing et la fidélisation client, des aspects fréquemment négligés par les promoteurs moins expérimentés.

• manque de différenciation : dans le commerce, l'absence de différenciation claire et de stratégie distincte peut rapidement conduire à une faible performance et, in fine, à une mortalité accrue.

L'analyse de l'étude met en exergue une vérité fondamentale pour tout aspirant entrepreneur : il est crucial de bien comprendre les particularités et les dynamiques de chaque secteur avant de s'y lancer.

• Si l'artisanat peut offrir un terrain plus favorable avec un risque relativement faible, il demande néanmoins un engagement et une expertise spécifiques.

• Les secteurs plus compétitifs comme le commerce et les services exigent une stratégie plus robuste, une gestion avisée, et un investissement constant dans le marketing et l'innovation.

Adapter sa stratégie en fonction du secteur est donc primordial. Les résultats de cette étude rappellent aux entrepreneurs l'importance de choisir une activité qui non seulement correspond à leurs compétences et à leur expérience, mais qui tient aussi compte des réalités spécifiques et de la dynamique du marché local.

Au-delà de l'expérience personnelle et du niveau d'instruction, la compréhension approfondie des spécificités du secteur d'activité est un facteur déterminant pour la survie et la réussite durable des entreprises au Burkina Faso.